PROJET DE PLAN D’ECONOMIES CHEZ RENAULT : LES SALARIES NE COMPRENNENT PAS CE PROJET ! DECLARATION FO AU CCSE (COMITE CENTRAL SOCIAL ET ECONOMIQUE) DU 28 MAI 2020



Déclaration FO faite en début de séance.

Le 20 Mai 2020, le Canard Enchainé faisait état de la fermeture de 4 sites Renault en France, dans le cadre du plan d’économies annoncé par la Direction lors des résultats financiers du Vendredi 14 Février 2020 (Des résultats qui ont dévoilé une situation financière critique, la plus mauvaise depuis 10 ans). Ce plan d’économie de 2 Milliards sur 3 ans, avait suscité l’inquiétude des 38.000 salariés en France, ainsi que des spéculations de toute sorte. A ce moment-là, FO avait réagi en interpellant officiellement la Direction, sur le fait que les 3 mois durant lesquels la Direction comptait mener ses réflexions, étaient 3 mois de trop ! La Direction en avait dit trop ou pas assez, c’est une question de méthode.

Incontestablement, pour FO, se posait la question de l’impact que cela aura réellement sur nos sites et l’emploi en France. C’est définitivement la question de la QUALITE du dialogue social qui se pose, car ce plan a été construit sans que les orientations aient été partagées avec les organisations syndicales représentatives. FO rappelle qu’à cette période, nous étions en pleines discussions sur un projet d’accord post CAP 2020.

L’absence de concertation a laissé l’extérieur de l’entreprise s’emparer de notre avenir, le battage médiatique autour de telles révélations a eu pour conséquences, la stupéfaction générale avec un coup de massue pour les salariés, qui s’inquiètent et s’interrogent depuis plus d’une semaine sur leur avenir et leur emploi.  Nous rappelons, que tout ce qui touche Renault, fait toujours caisse de résonnance dans l’hexagone, c’est inscrit dans les gênes de l’entreprise, et à ce titre la fameuse phrase, « quand Renault éternue, la France s’enrhume » en témoigne et semble encore plus d’actualité.

Nous attendons beaucoup du CCSE d’aujourd’hui, afin, qu’il apporte les raisons et la justification factuelle, sur ce qui a motivé, comme nous l’avons découvert dans les médias, un plan d’économies construit sur les sites de Choisy-le-Roi, Dieppe, Fonderie de Bretagne, MCA et Flins. En résumé, c’est quoi le projet ? Pour servir quelle stratégie et quelle vision pour l’avenir de Renault ?

FO rappelle, que ce plan d’économies, tel qu’il a été annoncé, concerne le Groupe Renault dans le monde et, pour l’instant, faute d’éléments précis, nous n’avons que l’amère sentiment que ce sont les sites et les salariés en France qui vont payer la facture.

A ce titre, FO s’interroge sur la réalité d’hier, d’aujourd’hui et de demain, et fait un constat pour chacun des sites potentiellement concernés par le plan d’économies :

CHOISY-LE-ROI, a des compétences spécifiques correspondant à une activité qui fait partie « du monde d’après», il s’agit de l’économie circulaire. L’empreinte environnementale des constructeurs automobiles, nous oblige à faire la preuve de la prise en compte de l’impact de nos activités sur l’environnement. Il est temps de prendre ce sujet à bras le corps, avec une vraie stratégie sur le long terme, un vrai projet d’entreprise sur l’économie circulaire… Alors, comment on fait si on commence, déjà, à gâcher l’embryon d’expérience et de savoir-faire porté par les 268 salariés de Choisy-le-Roi.

FONDERIE DE BRETAGNE : Malheureusement, ce site porte la problématique des fonderies qui produisent de la Fonte et pour lesquelles, avec la pression mise sur les motorisations diesel, l’activité devient un dommage collatéral. La vraie question est de savoir comment ce savoir-faire des fondeurs soit reconnu et préservé dans un secteur automobile en pleine mutation ?

DIEPPE : Alpine est lié à une Ville qui est Dieppe, si on tue l’origine, on tue la marque. Est-ce qu’il viendrait à l’idée de bouger Ferrari de Maranello ? Pour FO, il est impératif de préserver l’identité du site. C’est essentiel car il s’agit d’une marque de prestige qui pourrait permettre de tirer l’ensemble du haut de gamme pour devenir la caution de la qualité des véhicules Renault. Cela pose une bonne fois pour toute, la question de la stratégie de la marque Alpine dans le Groupe !

FLINS : FO rappelle que si on en est là aujourd’hui, c’est que des décisions ont été prises par le passé, de délocaliser la fabrication de Twingo et Clio, des segments cœur de gamme pour Renault. En 2013, l’usine de Flins était en danger, et nous avions négocié et signé un accord qui permettait de préserver le site avec l’affectation de la production de la Nissan Micra. Nous avions considéré qu’il valait mieux un avenir, que pas d’avenir du tout. Malheureusement, les 130 000 Nissan Micra annoncées en production étaient surestimées puisque seulement 90 000 Nissan Micra ancienne génération, étaient commercialisées dans le monde. A cela s’ajoute la production de ZOE, qui était avec des volumes pour le moins anecdotiques. La vraie question est de savoir si, compte-tenu de la réalité des volumes aujourd’hui, il faille répondre par un plan d’économies, qui avec l’évolution attendue du marché du VE, risque d’hypothéquer les investissements colossaux engagés depuis plus de 10 ans. FO pose la question du non-remplacement d’un VE des segments A et B, à savoir la ZOE. C’est également la question d’une usine emblématique, qui assemble des véhicules depuis 1952, pour laquelle nous n’avons une visibilité que de 3 ans : jusqu’à preuve du contraire, on a toujours pu compter sur les salariés de Flins.

Si on inscrit Flins dans une transformation de l’activité, ce n’est pas pour faire « bricolo-bricollette », mais assurer la pérennité du site, avec un vrai projet à la hauteur de l’histoire de l’usine.

MCA (Maubeuge) : Alors là, c’est la cerise sur le gâteau ! Dans le cadre des négociations de CAP 2020, l’usine de Maubeuge était présentée comme l’usine de référence en termes de productivité. Dont acte ! Aujourd’hui, ce qu’on entend, c’est que les salariés de Maubeuge devraient abandonner l’usine où ils ont fait la preuve de leur excellence, pour une autre usine, celle de Douai. Chercher l’erreur ? La pilule est difficile à avaler et FO se demande quel niveau de confiance les salariés peuvent avoir en l’avenir si ce qui était prôné en 2016 ne l’est plus en 2020 ? En plus le projet du futur Kangoo avec 2 déclinaisons, un low-cost à Tanger et un hightech à Maubeuge, sème franchement le doute. Le risque qui apparait, c’est la cannibalisation de deux produits sous une même marque. Nous sommes perdus et demandons des précisions sur le sujet.

FO RAPPELLE QUE CE N’EST PAS AUX SALARIES DE SUBIR LA CONTREPERFORMANCE DE L’ENTREPRISE !

Nous le répétons, nous avons besoin de savoir de façon factuelle, avec des éléments précis comment ce plan d’économies servira les perspectives d’avenir ? Ce n’est pas une finalité. La crise post COVID-19 est une surprise pour personne… sauf qu’elle aggrave la situation de l’entreprise. Cela ne justifie pas qu’il faille sacrifier l’emploi et mettre les salariés au pied du mur !

Comment trouver des solutions acceptables ? On le sait, aujourd’hui, ne pas avoir d’emploi, c’est perdre la main sur son avenir et son identité sociale. Alors qu’est-ce qu’on fait ? La Direction a-t-elle des propositions à faire ?

La logique financière ne peut pas, à elle toute seule, définir un plan pour l’avenir de Renault, avec uniquement  les salariés en première ligne. Ce sont eux qui sont porteurs des compétences et qui peuvent aider l’entreprise à garantir son avenir.

Pour FO, la seule question qui vaille c’est de prendre en compte la réalité et proposer des solutions pour l’emploi, pour nos emplois, ceux d’aujourd’hui et de demain.